OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La victoire des nerds http://owni.fr/2012/11/19/la-victoire-des-nerds/ http://owni.fr/2012/11/19/la-victoire-des-nerds/#comments Mon, 19 Nov 2012 16:24:45 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=126181 The Atlantic raconte comment, en 2012, la campagne d'Obama s'est (enfin !) jouée sur Internet. Aux côtés de codeurs barbus et binoclards, elle a intégré l'infrastructure et l'esprit du réseau. ]]>

“Cette année, la campagne s’est jouée sur Internet”. Effet de bord des “buzz” et autres “clashs” politiques 2.0, la formule est désormais une tarte à la crème des élections. De la présidentielle à la nomination d’un chef de clan, chaque rendez-vous du genre est censé marquer l’avènement d’une nouvelle approche politicienne du Net, forcément plus fine et plus adéquate – sans que les faits suivent vraiment le discours.

Le marronnier a explosé après 2008, et la campagne très web-friendly de Barack Obama, dont commentateurs et politiques de tout pays — la France en tête — se seraient inspirés avec plus ou moins de succès. Quatre ans plus tard, le bruit se fait moins entendre. Pourtant, la campagne américaine s’est jouée plus que jamais sur Internet. Ou plus exactement en son cœur. C’est moins visible mais autrement plus impressionnant. Et efficace.

Narval contre Orque

The Atlantic explique ainsi dans une longue enquête comment l’infrastructure du Net a été mieux considérée et exploitée par l’équipe de campagne d’Obama en 2012.

Contrairement à l’épisode précédent, celle-ci est allée chercher des techniciens de réseau. Une quarantaine d’ingénieurs, de “nerds”, comme ironise le magazine américain, qui ont “bâti la technologie dont ils avaient besoin pour faire réélire le Président”. Des mecs “de Twitter, Google, Facebook, Craigslist, Quora” détaille entre autres The Atlantic, dont les portraits viennent renforcer l’imaginaire geek : grosses lunettes, barbe fournie et belle bedaine.

Autoportrait d'Harper Reed, style Obama par Obey (CC by nc nd)

Il suffit de jeter un œil au chef de cette e-brochette pour comprendre : Harper Reed, codeur binoclard à moustache rousse et ancien directeur technique de Threadless, un site de vente de tee-shirts et goodies geeks – les amateurs reconnaîtront.

“Il soutient l’open source. Aime le Japon. Dit ‘fuck’ sans arrêt. Va dans des bars de hipsters qui servent de la nourriture végétarienne mexicaine, où le quart des employés et des clients ont des moustaches. [...] Il est ce à quoi un roi des nerds pourrait ressembler”, décrit The Atlantic. Et Reed de conclure sur son site personnel qu’il est :

Probablement l’un des mecs les plus cools de la Terre

Bref, drôle d’attelage au sein du bestiaire politique. Pour un résultat pourtant édifiant : la mise en place d’un panel d’outils informatiques dont le clou du spectacle, “Narwhal” (“Narval” en français), permettait de brasser en temps réel toutes les informations disponibles sur la campagne, les votants et les bénévoles. Une plate-forme d’organisation et de communication gigantesque, mise à disposition de l’équipe d’Obama. Face à cette baleine unicorne, le camp républicain avait choisi de déployer “Orca” (“Orque” en français), car, explique The Atlantic qui cite les soutiens de Mitt Romney :

L’orque est le seul prédateur connu du narval.

Sauf que cette fois-ci, Willy n’a pas pu être sauvé : l’outil de Mitt Romney a crashé aux premières heures du jour J. Et ne faisait de toute façon pas le poids face à l’envergure de celui d’Obama.

Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

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Aux États-Unis, le candidat républicain joue avec des bases de données (et avec la vie privée) de millions de potentiels ...

L’équipe du Président américain a appris de ses erreurs, poursuit le magazine américain. Quatre ans auparavant, sa plate-forme s’effondrait à la manière de celle de Romney en 2012. “L’échec de 2008, entre autres besoins, a poussé la version 2012 de l’équipe d’Obama à internaliser des techniciens”, poursuit The Atlantic.

Rien n’a été laissé au hasard. Des simulations ont même été lancées pour parer au pire des scénarios susceptibles de se produire le D-Day. Plusieurs sessions intensives pendant lesquelles les nerds d’Obama tentaient d’éviter la paralysie de leurs outils de campagne en ligne, en trouvant des remèdes à une succession de pannes sortie de nulle part ailleurs que leur esprit génial.

Ils “détruisaient tout ce qu’ils avaient construit”, comme le raconte Harper Reed au magazine américain. A l’instar d’astronautes surentraînés, ils avaient une checklist pour chaque incident, le tout compilé dans un “runbook”. Ce petit jeu leur a par exemple permis de ne connaître aucun temps mort au passage de l’ouragan Sandy, fin octobre, qui a noyé bon nombre de serveurs situés sur la côte Est des États-Unis.

Les nerds d'Obama avec le boss de Google, Eric Schmidt, le jour de l'élection. YOLO ! (CC by nc nd)

YOLO

Au final, aucun cyclone ou aucune attaque extra-terrestre n’est venu perturber le cours de l’élection. Les mecs ont même eu le temps de “concocter un petit badge pour fêter ça” raconte The Atlantic. Badge reprenant la dernière expression branchée “YOLO”, “You Only Live Once” (“On n’a qu’une vie” en français) en version Obama. De quoi renforcer l’image déjà so cool du Président américain sur Internet.

Mais la plupart du temps, les techos d’Obama n’ont fait que peu d’incursions sur le terrain. IRL ou sur Internet. D’autres équipes s’occupaient à plein temps de ces champs. Il a fallu travailler avec chacune et ça n’a pas toujours été simple. Loin de là.

Les nerds ont même été à deux doigts de se prendre la porte. Équipes de terrain, politiciens et techniciens ne parvenaient pas à s’entendre, en particulier dans l’étape de réalisation des outils de campagne. Une étape pourtant cruciale. “Alors que l’équipe technique luttait pour traduire en un logiciel utilisable ce que voulaient les gens, la confiance dans l’équipe technique – déjà chancelante – continuait de s’éroder”. Et pourtant, “la campagne a produit exactement ce qu’on attendait d’elle”, conclut le journaliste de The Atlantic :

Une hybridation des désirs de chacun dans l’équipe d’Obama. Ils ont levé des centaines de millions de dollars en ligne, réalisé des progrès sans précédent dans le ciblage des électeurs, et ont tout construit jusqu’à l’infrastructure technique la plus stable de l’histoire des campagnes présidentielles.

Un ingénieur informaticien dans les bras du Président des États-Unis (cc by nc nd)

Low tech

Pour The Atlantic, le cru 2012 de la présidentielle américaine s’est donc bel et bien joué sur Internet. En 2008, commente le magazine, on pataugeait encore dans le “low tech”. “La technique d’une campagne était dominée par des gens qui se souciaient de l’aspect politique de la chose, et non de la technologie de la chose”.

[visu] En 2012, Internet n’existe pas

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Visualiser en un coup d’œil les propositions des candidats sur le numérique. C'est ce que OWNI vous propose en ...

Bien sûr il y avait Facebook, ou Twitter. Mais ils ne représentaient pas grand chose à l’époque. “Ce n’était pas le cœur ou même une annexe de notre stratégie”, confie Teddy Goff, “digital director” des campagnes d’Obama, à The Atlantic.

C’est une nouvelle étape dans l’intégration du Net dans la politique. Qui permet aussi de comprendre, au moins en partie, l’habile appropriation des codes du web par le Président réélu. D’une réinterprétation de mèmes aux sorties sur Twitter ou Instagram, l’équipe de Barack Obama compose avec Internet. L’intègre avec souplesse à sa communication bien huilée, au lieu de le plier aux codes traditionnels du discours politique.

À cent mille lieues de l’expérience made in France. Malgré les sempiternelles promesses d’e-révolution, les campagnes des candidats à la présidentielle n’ont pas brillé par leur fulgurance sur Internet. De l’aveu même de certains, Internet n’était alors qu’un canal de com’ supplémentaire, aux côtés de la télévision, de la presse écrite ou radio.

Il y a bien eu quelques trouvailles, mais elles restent bien maigres face au tableau général : une équipe web recrutée à 100 jours de l’échéance côté Hollande, un panzer en partie externalisé pour Sarkozy. Quelques polémiques aussi, sans oublier l’abandon, sur le fond, des thématiques numériques par les candidats. En France, l’avènement des ingénieurs informaticiens en politique n’est pas pour demain.


Illustration d’Obama par Tsevis [CC-nyncnd] et autoportrait deHarper Reed [CC-nyncnd]

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Rebooter les villages http://owni.fr/2012/07/16/rebooter-les-villages/ http://owni.fr/2012/07/16/rebooter-les-villages/#comments Mon, 16 Jul 2012 09:45:18 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=116190

La sainte trinité du hackerland.

Ces deux univers étaient faits pour se rencontrer, s’aimer, s’aider : les hackers et ce qu’on pourrait appeler les zones rurales autonomes. Et quand ils se fondent, cela donne un hackerland, comme celui qui se développe depuis cinq ans dans le Centre, au lieu-dit Conques-Bas, à quelques kilomètres de Bourges. Ce week-end, ses membres organisaient la deuxième édition de leur festival, Electronic pastorale. “La première édition avait été organisé pour fêter l’arrivée d’Internet”, se souvient Loul, une des habitantes.

Car le lieu a d’abord rassemblé une poignée de personnes qui voulaient vivre en autosuffisance, constituer un collectif au maximum “résilient” : trois gars du coin et pas des Parisiens en mal de retour à la Nature comme le Larzac en a vu tant passer. Jérôme, Pierre et Antoine, que les zones commerciales et l’Entreprise ne font pas rêver.

Alors, ils ont acheté deux hectares et, partant de ce rien de terre, ont construit pas à pas “un village”. Et pas une communauté, ils y tiennent. Pantalon de travail et bottes, des éclats de boue jusqu’à la ceinture, assis sur un vieux canapé récupéré sous la serre, Jérôme revient sur le terme :

J’ai fait un DUT de gestion des entreprises et administrations avant de partir un an en Irlande, j’ai étudié l’habitat écologique et les écolieux.

Les soixante-huitards ont échoué en voulant tout mettre en commun. Il faut tirer les leçons. Il ne faut pas se leurrer, nous sommes tous différents.

Le village mélange donc des lieux de vie en commun – comme la cuisine qui prévient d’un retentissant coup… de conque qu’il est temps de se régaler -, et des espaces privées, en l’occurrence des yourtes qui abritent maintenant une dizaine de personnes. Au passage, débarrassons-nous d’un préjugé : en hiver, les occupants ont très voire trop chaud, grâce au poêle central.

Éloge de la do-ocracy

Depuis leurs débuts, ils ont entendu tous les noms d’oiseaux planants : “hippies”, “tarte aux fleurs”, “allumés énergétiques”, etc. Sauf qu’ils ont les pieds bien sur terre. Pas de grands plans sur la comète mais une approche pas-à-pas : “On ne se fixe pas de limites, explique Loul, on voit au fur et à mesure.”

Non, la vaisselle ne se fait pas toute seule, chacun prend ses responsabilités et fait la plonge.

Et sur leur chemin, il leur arrive de se tromper. Eh bien ce n’est pas grave, les erreurs sont fructueuses. Pas non plus de plan fumette-envolées éthérées. Si le débat fait partie de l’essence du projet, un discussion trimestrielle baptisée “où va-t-on ?” vient même d’être mise en place, il est indissociable d’une charge de travail hebdomadaire médéfienne. Jérôme, surnommé d’ailleurs “la pile” en raison de son activité digne du lapin Duracell, s’amuse :

Quand j’ai commencé le maraîchage bio, certains avaient mis ma tête à prix, on m’a dit que je ne tiendrais pas deux ans, cinq après je suis toujours là. La valeur travail compte beaucoup dans le monde paysan, on me respecte maintenant, ils voient que je suis au travail à huit heures, et jusqu’à 19 heures.

Même s’il arrive surtout pour le moment“à s’endetter” , plaisante-t-il, et que c’est difficile, au moins s’est-il lancé avec ses deux amis, eux les trois Rmistes que les banques auraient renvoyé poliment mais fermement à leurs aspirations. Et déjà heureux comme “de prouver que c’est possible”. Ce n’est pas le beau potager rempli de tomates, de fraises, de panais, de haricot, d’oignons, de maïs, etc. qui dira le contraire. En attendant les champs de blé : “on a fait un test non concluant, à retenter… “

Il est libre, le pixel

Rejet des systèmes tout-emballés, résilience, éloge de l’entraide et du partage combiné à un respect de l’individu, valorisation du faire sur le dire incantatoire (la do-ocracy), importance de l’erreur dans les processus d’apprentissage (le learning by failing), goût pour la bidouille et la récupération, fonctionnement horizontal, autant de termes qui sonnent doux aux oreilles d’un hacker.

La serre abrite aussi un établi. Alexandre Korber, du hackerspace parisien le tmp/lab, s’occupe de l’imprimante 3D, un modèle RepRap autoréplicant.

Et comme ces néo-villageois n’ont rien contre la technique, contrairement à certains courants dans leur mouvance, la convergence se fait petit à petit, poussée par Loul et son compagnon Tom. Le couple fait en effet de l’informatique, fier tenancier d’un “petit commerce de pixels de proximité”. L’appartenance à l’univers des hackers est revendiquée sur leur site professionnel :

La pixelerie utilise exclusivement des logiciels libres et publie son travail sous les licences GPL, Creative commons, Art Libre.

Le terme hacker désigne quelqu’un qui s’approprie ou crée une technologie et participe à son augmentation. Contribuer au logiciel libre est une pratique hacker qui ne doit pas être confondu avec les “crackers” ou pirates informatiques.

Depuis leur arrivée voilà un an et demi, ils connectent les deux mondes, donnant corps auvillage planétaire de Marshall Mc Luhan. L’Internet est donc arrivé par satellite, depuis décembre 2010, en attendant un réseau WiFi maillé (“mesh”), moins capricieux. Utile pour trouver des conseils, documenter les projets… ou commander de bon vieux livres papiers instructifs. Des AOC (ateliers ouverts à Conques), autrement dit des open ateliers, ont aussi été mis en place chaque jeudi soir pour monter des projets en fonction des besoins locaux. Loul détaille leurs ambitions :

L’idée est de collaborer avec les agriculteurs et les maraîchers. À terme, nous aimerions faire un robot pour tracer les sillons et un système de serre automatisée. C’est dur de les faire venir, mais quand ils sont là, ils sont intéressés.

L’objectif est de travailler ensemble, de recréer du lien social, pas de faire du business.

Une des yourtes venues de Mongolie où vivent les habitants du village

Parmi les lieux collectifs, une “yourte numérique” est aussi à disposition, pour “se connecter, faire ce que l’on veut avec son ordinateur”, résume Loul. Bien sûr le matériel est sous Linux et une Pirate Box est installée, cet outil portable qui permet de partager des fichiers en toute liberté et de chatter grâce à un réseau local WiFi.

Hackerspace de campagne

La prochaine grosse étape, c’est la mise en place d’un hackerspace, un espace de travail dédié à la bidouille créative chère aux hackers. Pour l’heure, le bâtiment est en cours de construction, dans le respect de l’éthique du village. Coût global : 6 000 euros. Après avoir songé un instant passer par Ulule, la plate-forme de financement participatif, ils ont préféré y renoncer : avec un budget plus confortable, ils n’auraient pas forcément fait les choix les plus économiques, diminuant les possibilités de reproduire le projet.

À l’exception de la dalle de béton, c’est du DIY (do-it-yourself, fais-le toi-même)  : ils monteront des murs de paille, une technique ancestrale, avec le concours d’un agriculteur qui leur prêtera sa moissonneuse-batteuse pour qu’ils fassent eux-mêmes leurs ballots. Les tuiles ont été obtenues grâce à du troc. Intéressé pour utiliser le futur lieu à l’année, le tmp/lab, le premier hackerspace installée en région parisienne, met aussi la main à la poche et à la pâte. Un de ses membres, Alexandre Korber, le fondateur d’Usinette, qui apporte la fabrication numérique domestique partout où sa camionnette passe, est ainsi venu avec une RepRap. Cette imprimante 3D open source est autoréplicante, c’est-à-dire qu’elle peut fabriquer les pièces qui la constituent. Ça tombe bien, il n’y a pas encore d’imprimante 3D à Conques.

La voiture de Jacques Gagnereaud, dit Gajac, le rédacteur de l’Ecolibriste, le “bulletin de liaison” de l’APARTE.” APARTE, pour Association de promotion et d’animation sur les réflexions et les témoignages écologiques, dont le slogan est “vivre mieux dans un univers sain, naturel et fraternel”. Le bonhomme ne considère pas ses voisins comme des “tarte aux fleurs” ou des “allumés énergétiques”.

L’ouverture est prévue en janvier si les dieux du bricolage sont cléments. Le matériel à disposition sera orienté local bien sûr :

On y trouvera des technologies pour faire des machines qui servent à la campagne, pour travailler la terre, faire de la poterie.

Le monde de demain

Actuellement, les hackerlands sont un phénomène émergents. Pour Loul, il ne fait aucun doute qu’ils vont se multiplier :

On tend vers de plus en plus de liens. De toute façon, des gens vont y être contraints économiquement, alors autant y aller de soi-même.

Un des murs de la cuisine collective affiche la couleur : en résistance !

Jérôme renchérit :

La solidarité et les organisations sociales fortes, qui dépassent les obligations législatives, sont déjà présentes dans des villages des environs, de façon naturelle, ils font de l’open source (rires). De même dans certains quartiers des grandes villes. De nouveaux rapports sociaux se développent, pas forcément de façon consciente. Certains commencent à s’organiser pour cette résilience.

C’est obligé d’en passer par là, les gens ne se disent pas bonjour, ils prennent le métro en faisant la gueule, ils rentrent chez eux. Ceux qui ne sont pas encore tout à fait endormis vont réagir, il va y avoir un choc.

Qui sait, peut-être le ministre du Redressement productif deviendra-t-il dans quelques années celui de la Simplification volontaire ? Pour l’heure, on est encore loin, et il faudrait que les hackerlands renforcent leurs liens, par exemple via un site du type hackerspaces.org, dédié aux hackerspaces. Jérôme entend aussi rendre le mouvement plus visible quand ils seront prêts à sortir du bois du pré, pour éviter une exposition prématurée qui leur nuirait au final. Toujours la politique des petits pas.

À voir aussi, la conférence que Philippe Langlois, le fondateur du tmp/lab, a donné sur les hackerlands lors du dernier festival du Tetalab, le hackerspace de Toulouse :

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Photographies au mobile par Sabine Blanc pour Owni et bidouillée par Ophelia Noor.

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Hollande Sarkozy Internet compatibles http://owni.fr/2012/04/26/hollande-sarkozy-internet-compatibles/ http://owni.fr/2012/04/26/hollande-sarkozy-internet-compatibles/#comments Thu, 26 Apr 2012 18:03:26 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=108181

“Mais au fond, qu’est-ce qui vous oppose ?” La question s’est imposée au terme d’un débat organisé aujourd’hui entre Fleur Pellerin et Nicolas Princen. À l’invitation du Collectif du numérique, groupement de 21 associations et syndicats du secteur, les e-cautions de François Hollande (pour l’une) et Nicolas Sarkozy (pour l’autre) ont défendu le programme de leur poulain sur Internet. Sans qu’apparaissent des lignes de fracture réelles.

Consensus apparent

[visu] En 2012, Internet n’existe pas

[visu] En 2012, Internet n’existe pas

Visualiser en un coup d’œil les propositions des candidats sur le numérique. C'est ce que OWNI vous propose en ...

Tout deux se sont d’abord accordés sur “l’importance du numérique” – d’usage. À les en croire, Internet “infuse dans tout le programme de François Hollande” d’un côté, tout en étant au cœur d’un “investissement personnel fort de Nicolas Sarkozy” de l’autre.

Même consensus sur le fond, dominé par des échanges portant sur l’économie, l’éducation et la formation. Favorables à la constitution d’un écosystème numérique compétitif, fondé sur le soutien aux PME (Petites et Moyennes Entreprises), Fleur Pellerin et Nicolas Princen ont également plaidé en faveur de l’enseignement d’Internet dès le lycée. “Il faut aider [les élèves] à coder et décoder cet univers” a indiqué la responsable socialiste, que son rival n’a pas cherché à contredire, ajoutant que la formation constituait le “projet central de Nicolas Sarkozy”.

Divergences

Les silences ont été les premiers révélateurs des divergences. Grande oubliée du débat, la question de la liberté sur Internet a ainsi été évacuée par l’ancien conseiller Internet de l’Élysée. Pas un mot sur le filtrage, le traité Acta ou la surveillance, quand la responsable PS a rappelé l’attachement de son parti aux questions de neutralité du réseau ou de protection des données personnelles sur Internet. Fleur Pellerin a ainsi évoqué le projet d’institution d’un “Habeas corpus numérique”, pierre angulaire du projet numérique de François Hollande.

L’intervention de Nicolas Princen n’a pas débordé le cadre fixé par le Collectif du numérique autour de “l’innovation, la compétitivité, la croissance et les emplois”. Pourtant, dans sa réponse au questionnaire adressé quelques semaines plus tôt par ce même collectif, l’équipe de Nicolas Sarkozy avait fait le choix d’aborder des sujets annexes à l’économie, telle que la sécurité sur Internet.

Soulevée par une intervention du public, la question a mené Fleur Pellerin à dénoncer la vente de technologies de surveillance “à des dictatures” par des entreprises françaises, quand Nicolas Princen s’est contenté de saluer “l’existence de champions nationaux” dans ce domaine à fort “enjeu stratégique.”

Tranchées

Il aura finalement fallu attendre la dernière question (“Mais au fond, qu’est-ce qui vous oppose ?”) pour voir les débats s’animer et les tranchées se creuser. Fleur Pellerin a fait valoir la “une vision d’Internet” différente, estimant que dans le cas de Nicolas Sarkozy, le réseau demeurait “une zone de sauvageons, de pirates et de terroristes en puissance.” “La cybercriminalité existe” a répliqué Nicolas Princen, affirmant qu’il ne fallait pas “nier” le problème du terrorisme sur Internet et tâclant sa rivale sur son manque d’expérience : “vous n’avez peut-être pas suivi l’actualité du numérique comme j’ai pu le faire ces dernières années.”

L’occasion d’évoquer l’autre grande absente du débat : Hadopi. Un sujet dont on a déjà trop parlé au détriment d’autres plus intéressants” a déploré Fleur Pellerin. “Nous n’avons toujours pas compris ce que vous vouliez faire dans ce domaine” s’est empressé de rétorquer Nicolas Princen, pointant du doigts les errements du candidat socialiste concernant le sort à donner à la Haute autorité.

Saluant la qualité du débat, certains membres du Collectif numérique ont néanmoins indiqué “rester sur leur faim” :

“Il faut que les candidats l’intègrent à leur discours. Tant qu’il n’y aura pas appropriation, cela ressemblera à une déclaration d’intention.”

Et c’est là que le bât blesse. Au-delà de la compétence et de l’enthousiasme des personnes en charge du numérique, joue aussi et surtout leur capacité à influencer les présidentiables en personne. Or François Hollande et Nicolas Sarkozy ne se sont pas positionnés sur Internet durant cette campagne. Et un intervenant de conclure : “je pense qu’on aura un Président numérique dans 40 ans.” Pas avant.


A lire sur le sujet : Partis en ligne. Les politiques attaquent Internet
Photo par Ophelia Noor pour Owni

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Twitter change le marketing politique http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/ http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/#comments Thu, 29 Mar 2012 09:10:47 +0000 Rodolphe Baron http://owni.fr/?p=103740

Avec la Twittosphère, le cycle classique de l’information est rompu. C’est l’un des enseignements de cette campagne, pour les communicants au services des partis politiques. Des discussions privées se déroulent au sein desquelles citoyens, journalistes et élus sont sur le même plan, mais surtout sans que l’on distingue toujours le responsable politique dans sa vie publique ou dans sa vie privée.

Pour Olivier Le Deuff (@neuromancien), maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à Bordeaux 3, et twittos de la première heure, la distinction doit se faire naturellement sans altérer la réciprocité de l’échange :

Twitter implique une projection totale de l’utilisateur et non pas partielle. Notre identité personnelle et professionnelle y sont mixées. C’est cet élément qui crée le lien social et politique. De la sympathie qui en découle naît le sentiment de proximité. Le mauvais exemple, c’est Nadine Morano qui ne fait aucune distinction entre sa propre personne et sa projection institutionnelle. Il en résulte une incapacité a communiquer. Du coup, elle est dans l’erreur et ne devrait pas aller sur Twitter.

Le lien qui relie la personnalité politique à ses followers (ses abonnés) suppose la gestion du compte par la personnalité politique elle-même. Une réalité d’utilisation qui n’est pas une évidence pour tout le monde. Les deux principaux candidats en lice pour l’Elysée ne respectent d’ailleurs pas la règle en faisant administrer leurs comptes par leurs équipes de campagne. Sans doute, les enjeux sont-ils trop importants pour risquer la moindre gaffe par manque de maîtrise ou de pratique. Mais, une fois l’élection passée, le nouveau chef de l’Etat pourrait-il se permettre de tweeter ? Sur ce point, Olivier Le Deuff, émet des réserves :

L’image de l’institution présidentielle bloque. En France, avec une autorité présidentielle quasi monarchique, il n’y a pas de réciprocité mais une suprématie. On peut écouter ses déclarations mais pas discuter avec elle d’égal à égal.

Pour l’heure, en campagne électorale, cette twittosphère semble se développer comme un complément aux autres vecteurs de communication. La blogosphère politique n’est pas moins forte depuis le succès de Twitter, au contraire. C’est le constat de Louis-Serge Real Del Sarte (@LouisSerge), auteur du livre «Les réseaux sociaux sur Internet» et fondateur de l’agence de conseil en e-réputation ReaClic :

La politique, c’est de l’information, qu’elle soit de l’intox ou de la désintox, cela reste de l’information et elle n’a pas tué le blog. Il ne mourra jamais pour une évidence, le blog reste un endroit où l’on a ses propres règles contrairement aux réseaux sociaux où l’utilisateur est soumis à des règlementations communes. Twitter permet de faire voyager l’information alors que le blog est un espace numérique en ligne destiné à quelqu’un qui va vouloir séduire. Twitter est un outil précieux qui génère du buzz et de la viralité.

Twitter ne peut donc pas être l’unique vecteur de l’information puisqu’il suppose la présence d’autres appareils de communication pour le compléter. Une conception du réseau social qui nécessite une certaine pratique numérique de la part des utilisateurs. D’ailleurs, la «communauté des twittos» est plutôt jeune rapporte Louis-Serge Real Del Sarte :

Twitter rassemble 70% d’utilisateurs âgés de moins de 45 ans et touche une majorité élective plutôt masculine ainsi qu’une population plus urbaine puisque 30% sont localisés en Île-de-France. Le problème qui se pose alors c’est qu’avec Twitter, vous ne touchez pas le reste de la population.

Une suractivité des spécimens parisiens de la “génération Y” sur le réseau social ne constitue pas une faiblesse mais une opportunité électorale supplémentaire pour Olivier Le Deuff :

Le public est différent sur Twitter. On y trouve surtout des journalistes et des universitaires. C’est important pour un homme politique d’y aller car c’est un moyen de convaincre des gens qui savent s’exprimer et qui peuvent, à un moment donné, traduire une pensée plus large.

Tempête dans un verre d’eau diront les détracteurs de Twitter. Pourtant, la communauté des “Twittos” n’a fait que s’agrandir ces derniers mois (1 million de français inscrits sur Twitter au quatrième trimestre 2011 pour 5,2 millions de profils ). Conséquence de l’effet de mode ou envie d’accéder à une nouvelle manière d’interagir avec ceux qui nous représentent. Et Louis-Serge Real Del Sarte d’assurer que la tendance ne peut que se confirmer :

La France vit une révolution culturelle. Le taux d’équipement de la population est important puisqu’il y a 18 millions de «mobinautes» Android et iPhone. On compte déjà plusieurs millions de comptes en France alors Twitter ne peut que se développer. Quand il arrivera à maturité, 100% des personnes l’utiliseront.

Mimétisme

Malgré l’attractivité qu’il dégage de part sa visibilité sur la toile, Twitter reste un outil en voie de généralisation qui constitue l’exception plutôt que la règle. Arnaud Mercier (@ArnauddMercier), professeur en science de l’information et de la communication à l’Université Paul Verlaine de Metz, et auteur de “Médias et Opinions Publique” reste sceptique. Pour lui, Twitter est loin d’être indispensable :

Une partie des politiques inscrits sur Twitter le sont par mimétisme. Il faut en être parce que ça fait moderne mais certains ne savent pas eux-même pourquoi ils y vont. Je ne crois pas que cela soit devenu essentiel d’être sur Twitter. C’est une caisse de résonance supplémentaire.

Un avis partagé par Edouard Gassin, directeur de l’agence de communication politique Mille Watts fondée en octobre 2006 :

Est-ce qu’il faut vraiment être sur Twitter quand on est un homme politique ? Nous, la réflexion que l’on a, c’est de savoir si c’est pertinent de déployer [le politique NDLR] sur Twitter. C’est un outil très chronophage qui nécessite un investissement important. Si l’on parle des campagnes présidentielles de Hollande et Sarkozy, des dizaines de personnes travaillent dessus. Mais c’est une évidence, les résultats sont bien meilleurs en terme d’audience quand ce sont les vrais élus qui s’investissent personnellement.

Pour, arriver à générer ce fameux lien de proximité avec ses followers, les politiques sont amenés à conjuguer leur rôle d’élu avec celui de n’importe quel utilisateur de Twitter. Cela suppose d’autres tweets que ceux ayant tendance à cantonner le propriétaire du compte dans une forme de communication unidirectionnelle. Pour Edouard Gassin, il s’agit d’éviter la banalisation de l’élu dans son caractère uniquement politique, déjà véhiculé par d’autres médias :

On est dans un espace de discussion et d’échanges. Si on l’utilise comme un tuyaux à informations, ça ne sert à rien. On ne se sert qu’à moitié de l’outil.

Du coup, une utilisation adaptée de Twitter à une campagne électorale nécessite parfois un apprentissage de la part de la classe politique dont beaucoup de membres frôlent souvent la cinquantaine et n’ont pas toujours l’expérience du net suffisante pour appréhender l’utilisation des réseaux sociaux :

Les élus quadragénaires voire quinquagénaires ont parfois une conception ancienne de l’outil. Mais il est plus simple d’agréger de vraies personnes [à Twitter NDLR] que de créer de faux comptes de followers. En plus, c’est moins difficile d’animer un compte Twitter qu’un blog qui demande une certaine expertise.

Twitter ne peut former qu’une partie du dispositif de communication qui est censé s’articuler autour d’un raisonnement de fond. Jamais, en 140 caractères, il ne sera possible de développer une pensée politique comme cela peut se faire sur un blog, un site Internet ou lors d’une interview. D’après Arnaud Mercier, la twittosphère est encore trop restreinte pour constituer un enjeu majeur :

Je ne crois pas que l’on puisse dire qu’il y ait, en France, de stratégie marketing électorale sur Twitter. Investir massivement une stratégie sur ce réseau social est un non-sens.

Cependant, Arnaud Mercier reconnaît que la forme d’interaction correspond avec les besoins de la communication politique 2.0, avec de sérieuses limites :

Les 140 signes sont en parfaite osmose avec l’habitude qui consiste à faire de Twitter un support de rédaction de petits piques à décocher en espérant que cela sera repris. Une partie de ce qui fait le buzz sur Internet a encore besoin d’un adoubement par les médias traditionnels pour avoir une influence.

Une petite révolution qu’il convient également de souligner est la communication par live tweet. Elle consiste à commenter en temps réel les émissions politiques se déroulant en direct, sur les médias traditionnels, à la télévision ou à la radio. Une évolution qui fait sens,  d’après Arnaud Mercier :

Le commentaire en live tweet des émissions politiques deviendra probablement un phénomène social. Il permet de nourrir un regard critique sur les stratégies de communication politique à grands coups de hashtag. Vous avez, en direct-live, de la contre communication politique.

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http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/feed/ 9
Petits partis en ligne http://owni.fr/2012/02/24/petits-partis-en-ligne/ http://owni.fr/2012/02/24/petits-partis-en-ligne/#comments Fri, 24 Feb 2012 17:41:29 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=99685

Nicolas Sarkozy fraîchement débarqué, c’est toute la course présidentielle qui s’est emballée. Une accélération synonyme d’un recentrage médiatique sur les bisbilles occupant le PS et l’UMP. IRL [NDLA : In real life, expression utilisée sur Internet pour qualifier la vie hors du réseau ] comme sur Internet. A l’ombre des deux pachydermes de la vie politique française pourtant, des partis plus modestes tentent de faire émerger d’autres réflexions. Et là aussi, numérique compris.

Pour les petits Poucet de la campagne, le réseau est avant tout une chance de se faire connaître, en marge des médias traditionnels. Loin d’être un enjeu de campagne, Internet représente d’abord un outil de communication. La thématique n’est pas intégrée aux programmes, ou reléguée à l’arrière-plan, à l’instar des favoris de la campagne. Question de priorités. Certains l’investissent néanmoins, conscients du boulevard politique qui s’ouvrent à eux. Sans toutefois envisager sérieusement l’émergence d’une formation politique numérique. OWNI est allé à la rencontre des moins de 3%.

“Internet avant tout comme un outil de communication”

Une campagne pas très net

Une campagne pas très net

Après Facebook, Twitter. Accusée ce week-end d'avoir censuré des comptes parodiant le président sortant, l'équipe de ...

“Les questions sur le numérique, [...] nous les abordons quand on nous demande notre avis sur le sujet.” Chez Lutte Ouvrière (LO), on ne s’en cache pas : Internet ne fait pas partie de ses priorités. Aucune occurrence, ni sur le site de Nathalie Arthaud, sa candidate, ni dans la brochure explicative de son programme. Le parti trotskiste préfère concentrer ses efforts sur des revendications jugées plus “vitales pour les classes populaires” : “l’emploi, le salaire, ou le contrôle sur l’économie”. Même ligne pour l’autre formation d’extrême-gauche en lice, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), qui perçoit “Internet avant tout comme un outil de communication”. “On se demande d’abord comment l’utiliser pour porter nos idées” explique Antoine Larrache, qui s’occupe du volet Internet de Philippe Poutou, le candidat du NPA.

Dominique de Villepin (République solidaire) va plus loin : plus qu’un moyen de communiquer, Internet permet aux petits partis d’exister. “Mon site Internet, mon compte Twitter, ma page Facebook ou ma chaîne Dailymotion me permettent de parler directement aux Français, sans filtre, sans détours – possibilité que les grands médias n’offrent qu’aux deux candidats qu’ils ont décidé de présenter aux Français.” Et de conclure : “c’est une forme de confiscation du débat démocratique.” (lire l’interview dans son intégralité sur son site de campagne)

Lacunaire

Si Internet est avant tout porteur de messages, il n’en reste pas moins un enjeu politique, tempère Antoine Larrache (NPA). “Certes secondaire. Mais il garde une place importante”, assure-t-il.

Préservation de la liberté d’expression, alternative à la loi Hadopi, couverture du territoire en haut et très haut débit : ces trois thèmes reviennent sans cesse chez les outsiders de la présidentielle. Plus ou moins détaillé, plus ou moins étoffé par d’autres propositions sur le numérique, ce trio de sujets est systématiquement repris par les petits candidats. De droite comme de gauche : Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (LO), Dominique de Villepin (République Solidaire), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), Corinne Lepage (Cap 21) et, en leur temps, Hervé Morin (Nouveau Centre) et Christine Boutin (Parti Chrétien Démocrate) aujourd’hui ralliés à Nicolas Sarkozy ; tous s’attardent ou se sont attardés sur cette poignée d’idées, pour peu qu’on ait ouvert le débat numérique avec eux.

Hadopi en sursis

Hadopi en sursis

À la faveur de l'affaire Megaupload, l'opposition entre droits d'auteur et Internet s'est installée au nombre des sujets de ...

Tous sont favorables à l’instauration d’une licence globale en lieu et place d’Hadopi, un dispositif légalisant les échanges d’œuvres non-marchands et rémunérant les auteurs via une contribution financière des internautes. Tous encore récusent la politique numérique de Nicolas Sarkozy, qu’ils associent à son orientation politique générale : “je tire de la politique numérique des cinq dernières années le même bilan que du quinquennat dans son ensemble. Au-delà des effets d’annonce et autres opérations de communication de type e-G8, aucune priorité n’a été définie”, fustige Dominique de Villepin. C’est d’ailleurs la constante du positionnement numérique de la majorité des “petits” partis : il se fait en réaction à la mandature passée. Et manque parfois de concret.

Le cas Hadopi est symbolique. A droite comme à gauche, il est perçu comme symptomatique de la politique générale de Nicolas Sarkozy, jugée répressive et plus proche des grands groupes industriels que des citoyens. Le numérique n’est alors qu’une autre façon de se démarquer du président sortant, et de se présenter comme alternative politique. C’est ainsi que le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, pour qui “Nicolas Sarkozy a mis Internet dans les mains des majors”, rejoint des partis à l’extrême-gauche de l’échiquier politique. Comme Lutte Ouvrière, qui estime que la loi Création et Internet, à l’origine d’Hadopi, “est surtout une loi qui défend les intérêts des grands groupes de l’audiovisuel et de la communication”.

Mais pour ce parti comme pour le NPA, il faut d’abord “remettre en cause les fondements capitalistes de cette société” avant d’envisager cette seule problématique. “Il y a des choses importantes à dire sur Internet. Mais elles rentrent dans un combat plus global pour changer la société”, explique Antoine Larrache (NPA).

Dans la mesure où notre temps de parole est limité, on peut en plus difficilement communiquer là-dessus sur un plateau.

Au-delà de la lutte contre Hadopi, la réflexion numérique reste lacunaire. L’avantage, c’est qu’elle ne porte que sur les thématiques susceptibles de bien intégrer le socle des valeurs fondamentales des partis. Donnant ainsi l’impression d’une certaine cohérence, quand les plus grosses formations politiques se voient reprocher une approche d’Internet purement sectorielle, sans vision ni articulation globale, divisée entre l’industrie et la culture à l’heure numérique. L’inconvénient, c’est qu’elle manque de technicité. Et qu’elle laisse en friche bien des aspects de la question numérique : déploiement du très haut débit en France, éducation au numérique, services de e-santé, gouvernance internationale du réseau…

Hérauts numériques

Un Acta de guerre

Un Acta de guerre

Samedi dernier, un peu partout en Europe, des dizaines de manifestations se sont déroulées contre l'Acta ; un texte qui ...

Sous la barre des 3%, certains candidats semblent néanmoins vouloir se distinguer sur la question.

Dominique de Villepin, dont le projet formalisé n’accorde pourtant pas une large place à Internet, explique réfléchir à une “vie politique numérisée”, qui s’appuierait sur un renforcement de la “libération et la normalisation des données publiques” et sur l’utilisation d’Internet “comme levier de démocratie directe”, en l’intégrant à “des référendums d’initiative populaire”.

Mais c’est Nicolas Dupont-Aignan et Corinne Lepage qui se disputent la place du héraut numérique. Le premier est positionné par Le Monde entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. La seconde se veut être l’autre voix écolo, derrière Eva Joly.

“Nous sommes le parti qui travaille le plus sur Internet !”, affirme, catégorique, Nicolas Dupont-Aignan, quand Corinne Lepage déclare de son côté “faire d’Internet sa ligne de fond.”

Difficile de savoir si cela relève d’un opportunisme politique, embrassant un sujet peu investi par les partis traditionnels, ou d’une réelle appétence pour Internet. Certainement un peu des deux. Une chose est sûre, l’un comme l’autre sont des historiques de la lutte anti-Hadopi. Chacun a publié un ouvrage mise à l’entière disposition des internautes : Corinne Lepage l’a laissé en téléchargement gratuit (licence CC By-SA), Nicolas Dupont-Aignan a privilégié la licence libre. Tous deux encore ont pris part aux manifestations contre l’Acta, le projet international qui vise à renforcer l’arsenal juridique des industries culturelles pour lutter contre la contrefaçon sur Internet.

Sur les programmes, l’avantage va néanmoins à Corinne Lepage, dont la réflexion repose en partie sur Internet, perçu comme constitutif d’une troisième révolution industrielle”. “Pour moi, la question des nouvelles technologies et de l’informatique n’est pas un chapitre. Tout comme l’environnement, c’est un fil conducteur”, explique la candidate de Cap 21, qui accuse les favoris des sondages “d’être restés dans le siècle d’avant”.

Je me mets dans la perspective d’un monde qui a changé et auquel on doit s’adapter. Eux sont dans le vieux monde qui vieillit et qu’il faut préserver.

Néanmoins, Internet n’a pas encore accédé au statut de pierre angulaire de son programme, Corinne Lepage ne l’évoquant pas systématiquement lors de ses interventions, lui préférant, comme ce matin sur France Info, la thématique écologique.

“J’appelle tous les pirates à voter pour moi !”

Pour autant, ni Corinne Lepage, ni Nicolas Dupont-Aignan ne se voient devenir la force politique numérique française. Ils ne croient d’ailleurs pas en l’émergence d’un parti d’Internet, à l’instar d’un Parti Pirate français, qui fait partie du paysage politique sans toutefois peser sur le dispositif. Pour la candidate de Cap 21, “cette force peut exister mais c’est peu probable. Quand on voit comme l’écologie politique a du mal à percer”, regrette-elle.

Nicolas Dupont-Aignan, qui dit ne “pas croire aux partis catégoriels”, appelle quant à lui “tous les pirates” à voter pour lui, après avoir brièvement évoqué “l’affaire Megaloop”. On ne saurait être plus clair.


Illustration et couverture par Marion Boucharlat pour OWNI


En bref, leur vision du numérique…

- Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)
> le numérique n’apparaît pas dans le programme
> Pour une abrogation d’Hadopi. Selon les équipes de LO, “si tous les films, les disques, les reportages,… étaient en accès libre et gratuit via internet, ce serait une très bonne chose. Il faudrait mettre en place un service public associé qui permette aux artistes de réaliser leurs projets dans les limites du possible, bien sûr.”

- Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
> Point 29 : “Autoriser le téléchargement en abrogeant la loi Hadopi”. Y sont abordées l’abrogation de la loi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et la mise en échec du traité liberticide Acta.

- Corinne Lepage (Cap 21)
> Point 4 : “Internet de l’énergie”
> Point 7 : “Encouragement à l’innovation à la lumière de l’expérience de la Silicon Valley”
> Point 19 : “Développement du télétravail et unification dans toute la France de l’accès et de l’usage d’Internet
> Point 28 : “Expérimentation et  développement  de nouvelles pédagogies à l’école et de nouveaux rythmes scolaires”
> Point 57 : “Garantie des droits des internautes, promotion des logiciels libres et de l’open source”. Y sont abordées l’abrogation de la loi Hadopi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et l’adoption des logiciels libres dans le secteur public, après audit.

- Philippe Poutou (NPA)
> Rien dans le programme [PDF], mais un communiqué sur la fermeture du site Megaupload
> Pour une abrogation d’Hadopi et la mise en place d’une licence globale

- Dominique de Villepin (République Solidaire)
> Point 25 :  mention du numérique,  considéré comme l’une des “filières d’excellence industrielle”
> Retrouvez l’interview complète du candidat par OWNI. Y sont abordées l’abrogation de la loi Hadopi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et l’e-administration.

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http://owni.fr/2012/02/24/petits-partis-en-ligne/feed/ 9
Une campagne pas très net http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/ http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/#comments Tue, 21 Feb 2012 19:29:10 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=99355

“Sarkozy : une entrée en campagne fracassante”. La manchette tapageuse du dernier Figaro week-end pourrait tout aussi bien coller au web. Depuis que celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le nom s’est officiellement déclaré candidat à sa réélection, le 15 février dernier, l’Internet français (aussi) s’est emballé. Et n’entend plus parler que de lui : Nicolas Sarkozy sur Facebook, Nicolas Sarkozy sur Twitter, Nicolas Sarkozy ad libitum. Des débuts assourdissants. Ni marrants, ni réellement emballants. Entre mini-polémiques et passes d’arme, la campagne sur le réseau rase le sol, plus proche du caniveau que de la haute expertise en matière d’interouèbe.

Flux de polémiques

Facebook aime Nicolas Sarkozy

Facebook aime Nicolas Sarkozy

Facebook est accusé par le Parti socialiste de favoriser le candidat Sarkozy en le conseillant pour sa campagne. Un coup de ...

Tout a commencé avec la vraie-fausse affaire d’État mouillant Facebook et l’Élysée. La firme américaine s’est retrouvée sous le feu socialiste, accusée d’avoir tout mis en œuvre afin que le président sortant soit le premier candidat français à lancer sa “timeline”, le chemin de vie made in Facebook, en ses temps électoraux. Si François Hollande n’a pas pâti de ce favoritisme présumé, les relations resserrées du Palais et des équipes du réseau social sont depuis longtemps avérées. Et semblent bel et bien avoir entravé la créativité d’autres prétendants au fauteuil présidentiel, tel Dominique de Villepin.

Au-delà de son aspérité formelle, le “timelinegate” révèle sur le fond l’image que les équipes de la webcampagne sarkozyste se font d’Internet et de ses usages. Aseptisée. Pas faute de s’être entouré de spécialistes : deux équipes web à l’UMP et au QG du candidat, qui compte l’ancien conseiller numérique de la présidence, Nicolas Princen. Le tout appuyé par une agence de communication digitale, emakina. Un “panzer numérique” dont l’expertise semble en décalage avec les cultures numériques.

Sur Facebook, un profil présidentiel où l’interaction se limite aux seuls “j’aime”. Commentaires persona non grata. Sur Twitter, aujourd’hui dans le viseur médiatique, un compte @NicolasSarkozy rapidement “vérifié” (une procédure fermée au grand public), qui fait l’album de campagne du candidat. Et qui simule une certaine proximité avec les internautes, en signant quelques messages “NS”, pour Nicolas Sarkozy. Y compris au beau milieu d’un déplacement à Annecy, où il aurait réussi à causer avec la Maison Blanche “via web” (autrement dit, pas sur son téléphone) entre le fromage et le dessert.

Un compte qui a aussi fait table rase des usurpateurs. En clair : tout est propre, tout est cadré. Rien ne dépasse.

Au QG de campagne, on ne se cache pas d’être intervenu sur Twitter pour faire un peu le ménage. Interrogé par OWNI, un membre de l’équipe s’empresse néanmoins d’assurer n’avoir signalé au site “que les comptes qui ont repris l’orthographe exacte de ‘Nicolas Sarkozy’ sans préciser leur contenu parodique”. “Au nom de la transparence que l’on doit aux internautes” ajoute-t-il. Drôle de conception pour un réseau foutraque comme Twitter, où les profils sérieux côtoient les plus absurdes, et où les faux comptes parodiques y poussent en paix comme des champignons.

Dans son règlement, Twitter précise intervenir si des imitations sont susceptibles “d’induire en erreur, de prêter à confusion ou de tromper autrui”, afin de se préserver de toute usurpation d’identité. Et pour peu qu’on lui signale. Mais n’en accepte a priori pas moins l’art du pastiche.

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

Internet is serious business

Problème : les comptes récemment fermés par Twitter étaient soit manifestement parodiques (@_NicolasSarkozy), soit satiriques et hostiles à la politique du président sortant (@sarkocasuffit ou @mafranceforte). Au QG de Nicolas Sarkozy, on dément formellement être intervenu pour la fermeture de ces comptes. Un étrange hasard attribué à l’action de certains militants, qui auraient signalé en masse les profils incriminés via la procédure “report as spam”. “On respecte les règles du jeu, poursuit-on du côté de la rue de la Convention, la culture Internet, c’est aussi la parodie. On la joue à la régulière.”

Régulière ou pas, la fermeture de comptes ambigus atteste déjà de la communication strictement bordée du candidat Sarkozy sur Internet. Exit les autres contenus : les internautes sont soumis à l’injonction de consommer le seul flux officiel et labellisé. Et s’il s’avère que l’équipe de campagne a fait fermer des comptes anti-Sarkozy, ses velléités de contrôle s’apparenteront simplement à de la censure.

Certains n’hésitent d’ailleurs pas à employer le terme : ce week-end, le hashtag #sarkocensure a fleuri sur Twitter à la suite de la suppression de ces comptes. Les explications données par le site aux utilisateurs lésés ne faisant que renforcer les soupçons de partialité. Ainsi le propriétaire du compte @_NicolasSarkozy, créé en 2010 et pourtant décrit comme “compte parodique”, s’est vu accusé par la firme américaine de “commettre une usurpation d’identité non parodique.” Devant la levée de bouclier, il a finalement été réactivé.

Je te censure, moi non plus

Il n’en fallait pas moins pour que le PS s’engouffre dans la polémique. Dans un communiqué, une porte-parole de François Hollande a aujourd’hui dénoncé la fermeture de ces comptes, en rappelant l’attachement du candidat à “un Internet neutre”. Sans que des propositions concrètes aient encore été proposées en ce sens, la responsable numérique du PS Fleur Pellerin gardant le silence sur le sujet.

La veille, l’affaire tournait à la guéguerre entre socialistes et sarkozystes. Par articles interposés, chacun a joué au petit jeu du “je te censure, moi non plus”. Matthieu Creux, militant UMP affiché, a ainsi affirmé – pièces à l’appui – que le compte parodique @droledegauche, dont il est à l’origine, avait subi les foudres des avocats du PS en août dernier. Une action qui atteste selon lui “d’une volonté forte de la part du Parti Socialiste de vouloir faire taire l’humour politique sur Internet.” Réponse du berger à la bergère sur le site du Nouvel Obs, où l’un des responsables web de Solferino, Émile Josselin, explique que le compte @droledegauche était allé trop loin, justifiant ainsi d’entamer une démarche juridique :

D’un compte militant de droite à l’humour discutable, mais finalement de bonne guerre, on bascule soudain dans la volonté de nuire délibérée.

Ces derniers jours, c’est le “google bombing” qui monopolisait les observateurs de la campagne présidentielle sur Internet. La manœuvre, qui consiste à lier sur Google un ou des mots clés à un site Internet, a d’abord visé le candidat Hollande : l’expression “incapable de gouverner” renvoyant à son site de campagne. Puis le site de l’UMP, auquel a été lié les mots “on va tuer la France”.

Sarkozy détourné de son image

Sarkozy détourné de son image

Sitôt publiée, l'affiche de campagne de Nicolas Sarkozy a été détournée. André Gunthert, chercheur sur l'image et le ...

Il y a cinq ans, la campagne s’était illustrée par la prolifération de ce genre de coups bas sur Internet. Interrogés dans le cadre de l’enquête Partis en ligne, les responsables web de l’UMP comme du PS nous avaient assurés récuser ces pratiques. Aspirant à une plus grande profondeur, souhaitant éviter les “petites phrases” pour aller vers du contenu de qualité et une relation plus approfondie avec “les internautes”. Nous étions alors en octobre, à l’orée de la campagne. Qui a déjà de faux airs de 2007.

Et pendant ce temps-là, les internautes sont morts de rire. Dès sa mise en ligne, ils se sont emparés de l’affiche de Nicolas Sarkozy. La détournant à l’envi et se poilant en chœur, bien loin de ces bisbilles de communicants.

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Sarkozy détourné de son image http://owni.fr/2012/02/19/sarkozy-detourne-de-son-image/ http://owni.fr/2012/02/19/sarkozy-detourne-de-son-image/#comments Sat, 18 Feb 2012 23:25:34 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=99004

Selon la formule célèbre du livre Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, de Karl Marx, les grands événements historiques se répètent, “la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.” Cette fois, c’est sûr, on est dans la farce.

Telle était du moins l’impression que produisait l’accueil de l’annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy aux prochaines présidentielles sur les réseaux sociaux. Pendant qu’une grande partie de la presse s’efforçait de nous convaincre que les choses sérieuses allaient enfin commencer, les outils de l’appropriation s’emparaient du slogan et de l’affiche de campagne pour une série de détournements dévastateurs.

Un slogan giscardien, une affiche mitterrandienne: les communicants sarkozystes ne brillent pas par leur imagination. La seule tentative qui sortait de la routine était celle de décliner la métaphore du capitaine courage, utilisée par le candidat lors de son allocution télévisée. Mais l’option du fond marin pour habiller l’image était un choix risqué, véritable appel du pied aux blagues et au second degré après l’échouage du Costa Concordia ou la proximité de la sortie du film La mer à boire.

Ça n’a pas raté. Avec une réactivité significative, les premiers détournements mettaient en scène Sarkozy en capitaine naufrageur (voir ci-dessus), suivis de près par le baigneur naturiste du catalogue La Redoute.

A l’époque mitterrandienne, la présence d’un fond uni ou d’un emplacement vide était un choix visuel sans risque particulier. A l’ère du mème et de la retouche, c’est une provocation à la satire. La simplicité graphique de l’affiche La France forte, composée de 3 éléments nettement distincts – le personnage, le slogan et le fond – se prête admirablement à l’appropriation. Constatant le succès du mème, le mouvement des Jeunes socialistes proposait dès le milieu de la matinée un générateur automatique permettant de modifier le slogan ou d’appliquer diverses variations à l’image.

Outre “la France morte”, on a pu noter le succès récurrent de l’adaptation culinaire du slogan, remixé en “Francfort”, allusion à l’empreinte du modèle germanique qui hante la candidature Sarkozy (voir ci-dessus).

Que le net s’empare d’un contenu politique et le détourne, quoi de plus normal ? Mais on n’a pas constaté pareille explosion satirique à l’endroit de François Hollande, dont la campagne, si elle peine à soulever l’enthousiasme, ne provoque pas non plus d’opposition massive. La rage mordante de la caricature s’adresse bien au président sortant, dont le moindre discours paraît définitivement inaudible, menacé par l’inversion et la raillerie. Révélateur de l’exaspération qu’il suscite, le sarcasme le plus cruel a consisté à mimer l’effacement du candidat sur sa propre affiche, jusqu’à la disparition (voir plus haut).

L’écart est frappant entre cet accueil et le sérieux avec lequel la plupart des grands médias continuent de considérer une campagne menacée par le naufrage avant même d’avoir commencé. Qui, à part Alain Duhamel, croit encore que Sarkozy est capable de rééditer Marengo et de l’emporter in extremis par un retournement inouï ? Mais le storytelling d’un combat gagné d’avance ne fait pas les affaires de la presse, qui attend depuis des mois le pain béni de la présidentielle, et qui fera tout pour donner à des chamailleries de cour de récréation les couleurs d’affrontements homériques.

Pendant ce temps, la France ricane, et s’amuse plus sur Facebook que dans les mornes sujets du JT. Une divergence de perception qui rappelle le traitement de l’affaire DSK – et n’annonce rien de bon pour la suite…


Cet article, que nous rééditons ici, a été initialement publié sur Culture Visuelle

Crédits Photos CC FlickR André Gunthert

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Sarkozy reset 2007 http://owni.fr/2012/02/14/sarkozy-reset-2007/ http://owni.fr/2012/02/14/sarkozy-reset-2007/#comments Tue, 14 Feb 2012 18:53:32 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=98575

Les murs neufs et le grand logo sur la façade en verre n’y changent rien. Une brise de nostalgie souffle dans les couloirs du quartier général de l’UMP, à Paris dans le XV° arrondissement.

À la suite de l’ex-conseillère de l’Élysée, Emmanuelle Mignon, revenue s’occuper des idées et des argumentaires de la campagne du candidat pas encore déclaré, d’autres têtes sont réapparues qu’on croyait noyées dans les méandres du quinquennat.

Tel Roger Karoutchi, qui court depuis quelques semaines les fédérations aux côtés de Jean-François Copé, ou la député Michèle Tabarot, ou encore le conseiller de Paris et conseiller régional Pierre-Yves Bournazel. Leur objectif : porter la bonne parole et motiver les troupes.

Officiellement, rien n’est prévu ni en cours. Ludovic Guillot, responsable de la communication, glisse cependant :

Il y aura une partie de l’équipe de campagne au siège de l’UMP qui travaillera en étroite collaboration avec les permanents du parti, pour le reste, je ne peux rien vous dire pour l’instant.

La composition de l’équipe, elle, ne filtre qu’au compte-gouttes. Si de nouvelles têtes apparaissent, à commencer par Guillaume Lambert, directeur de cabinet à l’Élysée qui prendra la direction de la campagne, et Guillaume Peltier, venu de Philippe de Villiers pour devenir grand maître des sondages, plusieurs anciens collaborateurs ont été rappelés.

Parmi eux, Véronique Waché, déjà dans l’équipe de communication de Nicolas Sarkozy en 2007 et actuellement rattachée au service de presse de l’Élysée, viendra prêter main-forte à Guillaume Bazaille, ramené de l’Assemblée par Jean-François Copé il y a près d’un an. Lequel Bazaille assurait déjà le job en 2007, comme le montre une vidéo de la précédente campagne :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En marge de la nécessité de constituer des équipes expérimentées, d’autres besoins justifient ces sollicitations aux anciens. Selon un témoin des bureaux politiques du mercredi matin où sont décidés les axes stratégiques de la campagne, l’équipe recontacte aussi des anciens de 2007 pour reconstituer les archives des interventions du candidat Sarkozy afin de “savoir tout ce qu’il a promis pendant la dernière campagne”.

Derrière cette passion documentaire, la nouvelle équipe craint les attaques du challenger François Hollande sur les nombreuses déclarations de son adversaire, dans la presse spécialisée ou les titres régionaux. Une chasse aux documents qui laisse rêveur un pilier de la dernière course électorale du Président.

Le candidat Sarkozy n’a en effet pas été avare de ses interventions : outre la presse nationale, le champion de l’UMP en 2007 avait répondu à de nombreuses sollicitations. Rien que pour la presse animalière, il avait exposé ses points de programme sectoriels à Trente millions d’amis, Animaux Magazine, Atout chien et La semaine vétérinaire.

Las, depuis 2007, les mois, les équipes ont passé. Et peut-être les déménageurs du quartier général de l’UMP, de la rue de la Boétie à la rue de Vaugirard à Paris, ont-ils oublié quelques cartons contenant ces informations cruciales sur les publics cibles.


Couverture par Marion Boucharlat pour Owni à partir d’une photo d‘Ammar Abd Rabbo/Flickr (CC-byncsa)

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Un vrai chef pour 2012 http://owni.fr/2012/01/19/un-vrai-chef-pour-2012/ http://owni.fr/2012/01/19/un-vrai-chef-pour-2012/#comments Thu, 19 Jan 2012 16:24:32 +0000 Jean-Paul Jouary http://owni.fr/?p=94571

Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent.

Alexis de Tocqueville

Il arrive que des informations se croisent au bout de chaînes causales apparemment si indépendantes, qu’on en vient à penser que leur conjonction relève du hasard pur, selon la définition qu’en donnait Cournot. Ainsi, il y a peu, un hebdomadaire demandait en grosses lettres à sa Une : ” Hollande est-il un vrai chef ? “, sur le ton du soupçon qui sous-entend qu’un homme politique digne de ce nom doit savoir diriger sans trembler.

Au même moment les médias unanimes évoquaient les “guerre des chefs” dans les partis politiques. Alors que je commençais à écrire pour OWNI sur ce thème dans le fil de mes chroniques précédentes, la nouvelle de la condamnation de Jacques Chirac tombait. Aucun rapport direct, bien sûr. Et puis, en y réfléchissant bien : et si ces deux éléments étaient liés entre eux de façon souterraine ?

Reprenons les choses de plus haut. La campagne électorale présidentielle en cours est l’occasion d’un usage récurrent sans précédent du mot ” chef “. A propos de François Hollande, en fait, le journal induit une comparaison : par les temps qui courent, on sait que Nicolas Sarkozy sait décider contre l’avis de son peuple ; il l’avait fait à propos du Traité de Lisbonne que les citoyens avaient rejeté par référendum, il prétend le refaire à propos de la “règle d’or” qui inscrirait dans la Constitution la nécessité de l’austérité et du démantèlement des services publics.

Ainsi il se comporte en vrai “chef ” : le peuple peut crier et défiler, il ne sait pas ce qui est bon pour lui, il n’a pas la “science” du pouvoir. Si un autre Président s’engageait à le consulter, il serait irresponsable. Il faut de vrais “chefs” comme en Italie ou en Grèce désormais. Des décideurs qui ne sacrifient pas leurs décisions à la démocratie. De ces chefs dont Rousseau disait qu’ils s’accoutument “à regarder leur magistrature comme un bien de famille, à se regarder eux-mêmes comme les propriétaires de l’État” et à considérer les citoyens “comme du bétail “.

Ainsi, tout se passe comme si les citoyens français étaient invités au printemps prochain à se donner un nouveau “chef “, comme un troupeau perdu sans berger (et chiens de bergers à l’occasion). Toute la campagne présidentielle en cours est marquée par ce thème central : qui est le mieux placé pour imposer une règle financière qui inscrive dans la Constitution l’illégalité du progrès social ? Qui est le mieux placé pour imposer l’austérité que cela suppose ? Qui est le mieux placé pour imposer une régression des services publics ? Qui s’engage à ne plus recruter d’enseignants et à ne plus les former ni les inspecter ? Etc. Seul un vrai “chef ” saura infliger au peuple ce que pourtant il refuse, et il est sans précédent que ce cynisme en fasse un argument électoral dans lequel on espère que le peuple verra son salut. N’est-ce pas de nous que parlait déjà Alexis de Tocqueville lorsqu’il écrivait que ” dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent” ?

Alexis de Tocqueville par Théodore Chassériau, 1850

En France, la politique serait-elle devenue exclusivement le moyen pour le peuple d’abandonner son sort à une personne ? Serait-il devenu une sorte d’évidence de considérer que le peuple est trop ignorant pour juger les possibles, et qu’il n’a d’autre capacité démocratique que celle qui l’autorise tous les cinq ans à déléguer tous ses pouvoirs à un ” chef ” ? Derrière tout cela n’y a-t-il pas l’idée que gouverner la société est affaire de quelques personnes formées pour la chose, ou désignées pour s’en occuper de la hauteur vertigineuse à laquelle nos institutions font accéder les dirigeants ?

On oublie trop souvent que les institutions françaises font partie de celles qui confèrent le plus de pouvoirs et qui, en même temps, protègent le mieux, lorsqu’elles trahissent leurs devoirs, les personnes qui en bénéficient. Comment s’étonner alors qu’un véritable sentiment d’impunité s’en emparent, ayant la possibilité de ne jamais rencontrer un juge, mais aussi celle de déplacer, remplacer les magistrats susceptibles d’instruire les affaires ? Comment s’étonner que les princes qui nous dirigent ricochent de scandale en scandale, lorsque la loi appelle ” détournement de bien public” ce qu’ils finissent par considérer comme un bien privé, un “bien de famille” selon les termes de Rousseau ?

Du coup, cette condamnation d’un ancien président de la République est vécue par les tenants de ce système politique comme un affront, une triste nouvelle pour un vieillard déclinant, un regrettable précédent. A-t-on jamais vu un berger mis en cause par quelques brebis galeuses de son troupeau ? Quoi qu’il en soit, ceux qui s’offusquent des fautes commises par les gouvernants et ceux qui s’offusquent que ces fautes soient punies ne doivent pas oublier qu’au fond, par-delà cette sentence des juges, c’est bien l’idée même que le suffrage confère du pouvoir à des “chefs” qui doit concentrer la réflexion de tout citoyen épris de liberté.

Comme quoi, finalement, ces nouvelles qui semblaient se croiser par hasard ont en commun un certain esprit de l’époque, une tentation de servilité à laquelle il est faux qu’on ne puisse résister. Le corollaire du dévoiement de la démocratie par une ” représentation ” qui ôte la souveraineté aux citoyens, c’est bien un déréglementation générale de la “chose commune”, la République, par une déréglementation essentielle de la démocratie. Encore une fois.

Lorsque l’argument suprême d’une campagne électorale devient la promesse du chef de tenir tête aux citoyens du haut du pouvoir, il ne reste aux citoyens que la possibilité d’organiser, de débattre, d’exprimer “en bas” l’exigence de formes nouvelles de vie politique. Rien ne fait plus peur aux ” chefs ” que la démocratie active, pratique, tenace, têtue, et ingénieuse.

NB : A lire, de toute urgence, tous les ouvrages philosophiques consacrés depuis vingt cinq siècles à la démocratie.


Illustrations et photos : Poster-citation par Marion Boucharlat (cc) pour Owni ; Texture par Sarai Fotography (cc) ; Portrait d’Alexis de Tocquville par Théodore Chassériau via Wikimedia Commons (Domaine Public)

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Obama connaît pas http://owni.fr/2012/01/14/obama-connait-pas/ http://owni.fr/2012/01/14/obama-connait-pas/#comments Sat, 14 Jan 2012 14:41:04 +0000 Gaël Cogné http://owni.fr/?p=94072

Mardi 3 janvier 2012 en soirée. Le président américain Barack Obama, de retour de vacances à Hawaii, s’adresse depuis la Maison Blanche via Skype à des militants démocrates de l’Iowa. Selon le site du Telegraph, “le président a rappelé à ses troupes la victoire historique de 2008 mais prévenu : nous avons beaucoup à faire”, avant la présidentielle de novembre.

Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, en France, les médias s’intéressent à “l’adresse” aux Français du candidat socialiste, François Hollande. La lettre est à la une de Libération qui titre ‘le changement c’est maintenant”. Le soir, il est l’invité du 20h de France 2.

Skype d’un côté, presse et télé de l’autre. Deux approches de la communication ? L’exemple est un peu caricatural, mais souligne que les recettes de communication politique tant louées à l’élection d’Obama (élu avec une large majorité de 52,9%) ne seront probablement pas appliquées à la lettre en France.

Le secret d’Obama ? Passé son charisme, c’est notamment “la manière dont il a utilisé Internet (qui) a révolutionné la communication électorale”, estime Virginie Picquet, docteur en civilisation américaine.

Emboîtant le pas du technophile et précurseur gouverneur du Vermont, Howard Dean, l’équipe de campagne récolte des mails (“Ils ont réussi à avoir les adresses e-mail de 13 millions de personnes”), développe Catalist (une énorme banque de données croisant des dizaines de fichiers sur des millions d’américains), recrute sur les réseaux sociaux (“il avait trois millions d’amis sur facebook”), utilise des alertes SMS (1,3 million de numéros a été collecté et “les sympathisants ont su avant tout le monde quel serait le vice-président”), etc.

La démarche se poursuit sur le terrain :

Il a très bien utilisé Internet pour faire en sorte que les gens s’investissent dans la campagne, organisent des meetings, ils avaient l’impression d’avoir une influence sur la campagne, sur l’issue des élection. (…) (Ils se sont sentis) investis d’une mission.

Des centaines de milliers, sinon des millions de personnes, constituent localement des équipes et deviennent des ambassadeurs du candidat sur le terrain physique, des “grassroots”. Ils téléphonent, frappent aux portes de manière ciblée, organisent des réunions, convainquent leur entourage bien plus efficacement qu’un tractage classique. Selon la chercheuse, cela va d’ailleurs permettre de toucher “des jeunes, les minorités, des catégories de la population considérées comme absentéistes”.

[ITW] Un lobbyiste numérisé en campagne

[ITW] Un lobbyiste numérisé en campagne

À l'intérieur du PS, il passe pour le lobbyiste des questions numériques. Benoît Thieulin a construit plusieurs campagnes ...

Pour Benoît Thieulin, directeur de l’agence La Netscouade et ayant participé à un rapport du think tank proche du PS Terra Nova, Obama a réussi à à fusionner une campagne “on line” à une campagne “off line”, un tour de force que n’était pas parvenu à réaliser Ségolène Royal (pour laquelle il a fait campagne).

“Il va gérer dans un outil sur Internet la totalité de sa campagne : c’est ça qui est révolutionnaire. Toute sa chaîne de commandement, tout son QG, la manière dont il va organiser ses équipes, ça va passer par un énorme extranet : mybarackobama.com. (…) Avec des outils métiers, il est plutôt hiérarchique, il permet de faire des choses très concrètes et très pratiques, c’est à dire de pouvoir gérer votre petite équipe, lever des fonds, gérer des agendas collaboratifs, des listes de discussion, comptabiliser les cookies que vous avez vendu à telle réunion d’appartement, disposer des listes des gens à appeler, des adresses des gens où aller frapper.”

Le tout, sous l’œil du QG de campagne.

Alors que la stratégie de l’UMP semble écarter l’approche d’Obama, le PS, estime Thieulin, avec La Coopol (son bébé, qu’il voit comme le mybarackobama.com des socialistes) et Europe-Ecologie Les Verts sont certainement ceux qui ont le plus essayé de s’approcher en terme de “capacité organisationnelle” des méthodes d’Obama. Signe de l’attention du PS, le responsable de la web-campagne de Hollande, Vincent Feltesse, a rencontré l’équipe d’Obama. La collecte de 500.000 à 800.000 adresses mails de sympathisants qui les avaient livré lors la primaire a d’ailleurs permis à l’équipe d’Hollande de se rappeler à leurs bons souvenirs en décembre.

Pourtant, dans son cabinet parisien, un communicant, proche de quelques éléphants du PS se désole :

Les campagnes modernes, les campagnes grassroots, pour établir une inter-relation avec l’électorat dans ses composantes les plus réduites (…) sont très sous-utilisées.

La faute aux Français qui auraient un train de retard ? S’appuyant sur un sondage réalisé pour MSN, Ipsos écrivait en novembre :

“Dans le cadre de la campagne présidentielle, une majorité des internautes (51%) comptent s’informer sur les sites/blogs des candidats. En revanche, seuls 14% comptent discuter politique sur les forums/articles durant la campagne (et 9% sur Facebook ou Twitter), seuls 11% pensent publier des liens vers du contenu politique sur un réseau social, seuls 8% comptent donner leur e-mail à un parti politique pour participer activement à la campagne et 6% comptent faire la promotion d’un candidat sur le web (…). Il semble que pour 2012, comme pour 2007, l’activité militante en France sur Internet aura du mal à atteindre les niveaux des Etats-Unis de 2008″.

Thieulin explique pourtant que les Français n’ont rien à envier aux Américains sur Internet avec un web “créatif”. Il avance comme élément d’explication une “classe politique française plus âgée, moins technophile que dans d’autres pays, en particulier en Angleterre ou aux Etats-Unis, du coup elle peine à s’approprier ces outils là”.

A moins que les Français ne soient rétifs à des outils développés outre-Atlantique, juge Guilhem Fouetillou, de Linkfluence, qui juge que les expériences comme la Coopol ou les créateurs de possible (la version UMP qui a disparue) “ne sont pas des grands succès”.

Il me semble que la raison pour laquelle c’est moins puissant et fort qu’aux Etats-Unis, ce n’est pas du tout à rattacher à un manque de maîtrise ou à un déficit des usages. Je pense qu’il y a aussi un des éléments culturels dans l’équation.

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Selon lui, le PS a beau disposer de nombreux mails :

“Ca ne va pas changer fondamentalement la chose car ce sera toujours le même type de public qui va venir aux meetings à cause de déterminants qui sont très socioculturels. Les leviers que l’on présente comme étant les seuls possibles, ceux qu’on a vu aux Etats-Unis, c’est-à-dire la mobilisation des masses pour en faire des ambassadeurs et des promoteurs, ces leviers là du web, assurément ne sont pas adaptés à la culture française.”

Dans son analyse, Ipsos note d’ailleurs que :

“Outre la maîtrise d’Internet par la population, d’autres facteurs sont en effet en parties liées à la réussite d’une e-campaign : par exemple l’engouement pour un candidat (très fort pour Obama en 2008, en particulier chez les jeunes) mais aussi certains facteurs culturels (le militantisme en France se faisant de manière moins affichée qu’aux Etats-Unis par exemple, sur le web ou ailleurs).”

Chez EELV, Julien Bayou explique que le web est un “terrain de campagne” et sert aussi à “organiser la campagne, le terrain réel”, mais il appelle à raison garder, expliquant qu’il est inutile de vouloir se comparer aux Etats-Unis, alors que des bases statistiques comme Catalist sont irréalisables en France juridiquement et financièrement :

“En France, déjà, on a une protection des données qui est plus importante et une réticence des individus à étaler leurs informations en ligne”. Il relève qu’ “une campagne comme celle d’Obama demande un traitement de l’information de haut vol”, bien au-dessus des capacités d’EELV alors que “malheureusement ou heureusement, la question des moyens reste preignante”.

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